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n’a pas anéanti les géants. Et pour qu’on ne lui objecte pas qu’ils sont précipités en enfer, il ajoute que Dieu voit les enfers. Cependant il leur a assigné cette place qu’ils occupent selon leurs mérites ; connu e il établit les justes, soit où ils sont aujourd’hui, soit où ils doivent – être un jour. Mais jamais il ne les éloigne de sa présence, car à ses yeux tout est à découvert. Il faut donc ici entendre dans le même sens, et les géants dont il vient de parler, et les orgueilleux consolateurs. « Sous les eaux aussi ceux qui leur ressemblent ; » après ces mots, « sous les eaux », faut-il sous-entendre : sont retenus, ou quelqu’autre expression analogue ?
6. « Et la perdition n’est point pour lui voilée. Même ce qui se perd n’échappe point à son regard.
7. « Il lance l’aquilon dans le vide. » L’aquilon peut signifier ici le démon, et la terre le pécheur, car ni pour l’un ni pour l’autre il n’y a aucune solide espérance. « Il suspend la terre sur le néant ; » dans l’air.
8. « Il retient les eaux dans ses nuées. » Ce sont les obscurités des prophéties. « Et les nuées ne se sont point divisées sous sa main. » La vérité contenue dans la nuée n’a point échappé à ceux qui out l’intelligence des Écritures. Il n’y a en elles aucune contradiction, comme le prétendent ceux qui n’en ont point l’intelligence.
9. « Il tient cachée la face du soleil[1]. » Pour que les impies ne connaissent point le soleil de justice. « Et il étend sur lui sa nuée ; » la chair qu’a revêtue Notre-Seigneur.
10. « Il a partout répandu sa loi sur la surface des eaux. » Parmi les peuples. « Jusqu’où finit la lumière ; » jusqu’à la fin de cette vie, c’est-à-dire, jusqu’à la fin du monde, ou jusqu’à ce que soient consommés, c’est-à-dire perfectionnés ceux à qui il a été dit : « Vous étiez autrefois ténèbres, vous êtes maintenant lumière dans le Seigneur[2]. »
11. « Les colonnes du ciel ont tremblé ; elles se sont ébranlées au bruit de ses menaces. » Ce qui est arrivé à Pierre par la voix de Paul[3].
12. « Sa puissance a calmé la fureur des flots. » Il a mis fin dans le monde à l’acharnement des persécuteurs contre l’Église. Ces mots : « Les colonnes du ciel ont tremblé au bruit de ses menaces », peuvent signifier : Les plus courageux dans l’Église ont tremblé pour les plus faibles, quand Dieu a permis les épreuves de la persécution. Une de ces colonnes s’écriait : « Qui est faible, sans que je sois faible avec lui ? Qui est scandalisé, sans que je brûle [4] ? – Sa main habile a blessé la baleine. » C’est la douleur qui blesse au vif le démon, quand les justes lui ont résisté.
13. « Et les secrets du ciel l’art redouté. » Ce sont les anges, ou ceux qui tiennent les clefs du royaume des cieux. « Il a commandé, et soudain est tombé le dragon apostat. » Il en a dit autant de la baleine, mais ici il montre comment, celui-ci a été blessé ; c’est quand on l’abandonne et qu’on accepte les divins commandements.
14. « Tout ceci n’est qu’une partie de la route », qui conduit à Dieu. « Et qui connaîtra la puissance de son tonnerre, quand il le fera gronder ? » Son tonnerre est la voix qui retentira au jour des manifestations, ou bien encore cette parole qu’il nous a révélée par le fils du tonnerre « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu »[5] ; de sorte que ordre de la phrase serait celui-ci : « Quand il fera entendre soit tonnerre », quelqu’un pourra-t-il « en connaître la puissance ? »

CHAPITRE XXVII. – Grandes leçons de Job.


3. « Et dans mes narines le souffle de Dieu. » Il montre ici que tontes ses paroles lui sont inspirées d’en haut, et que cette lumière divine lui découvre la mauvaise foi de ses consolateurs.
5. « Que Dieu me garde jusqu’à mon dernier soupir de croire à votre justice ! » Quand même vous me persécuteriez jusqu’à la mort, à cause de ma liberté à vous condamner. « Et jamais je « ne cesserai de soutenir mon innocence. » Je ne soutiendrai pas la vôtre.
6. « Car je ne sens en moi le reproche d’aucun crime. » Ordinairement on pardonne beaucoup aux autres, quand on craint pour soi-même quelque reproche mérité.
8. « Quelles sont les espérances de l’impie ? C’est qu’il attend. » De peur qu’on ne l’accuse, de faire contre ses ennemis de coupables imprécations, il nous découvre l’intention qui le fait ici parler. Il veut que leur impiété soit confondue, et leur orgueil anéanti, ce qui arrive, quand une âme enchaînée, par son crime est enfin délivrée

  1. Le manuscrit de saint Augustin était sans doute fautif, car le grec porte θρονο, solii, du trône, et non pas solis, du soleil.
  2. Eph. 5, 8
  3. Gal. 2, 11
  4. 2Co. 5, 29
  5. Jn. 1, 1