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9. « Il a dépouillé ma tête de sa couronne ; » de l’éclat surnaturel que lui donne la sagesse.
10. « Il m’a détruit de part en part, et j’ai disparu. » Je possédais tout, il m’a tout ravi. Sa peine est qu’il aurait pu tout conserver.
11. « Il m’a traité comme son ennemi. » Il m’a cru capable de lui nuire, comme si j’étais son égal. « Et ils ont cerné ma demeure ; » mon cœur et ma conscience.
13. « Mes frères se sont éloignés. » C’était pour me corriger, parce qu’ils sont mes frères. Toutefois ils ont dédaigné d’abord de me reprendre, à l’exemple de ceux qui ont suivi des conseils étrangers, de mauvais conseils. « Et mes amis ont été pour.moisans entrailles. » Dans les afflictions spirituelles ils ne consolent point leurs amis, ils ne savent que les tourner en dérision ; jamais ils ne le feraient pour les afflictions charnelles.
14. « Ceux qui répétaient mon nom m’ont oublié. » Ils ne me connaissent plus, tant je suis changé.
15. « Mes voisins, mes servantes elles-mêmes. » Ceux à qui je confiais mes secrets, c’est-à-dire, les flatteurs qui abandonnent celui qui s’humilie devant Dieu ; car on dit des flatteurs qu’ils sont serviles.
16. « J’ai appelé mon serviteur ; il ne m’a point répondu. » C’est son corps, ou ceux qui voulaient lui faire faire le mal. « Ma voix le suppliait.
17. « Et je conjurais mon épouse ; » comme s’il disait : « Pourquoi être triste, ô mon âme, et a pourquoi me troubler[1] ? » car il voulait son assentiment. « J’ai adressé de tendres prières à mes propres enfants. » Ceux qu’il avait engendrés en leur inspirant les espérances de ce monde.
19. « Et ceux que j’avais aimés, se sont soulevés contre moi », dans ma vie passée.
20. « Mes chairs en ma peau se sont corrompues. ». L’attachement aux objets extérieurs a corrompu l’intérieur de mon âme. Ce serait trop peu d’entendre ce passage à la lettre d’une maladie de peau. « Et dans ma bouche ne sont plus que mes os. » Ma fermeté et mon courage sont plus dans mes paroles que dans mes actes.
21. « Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, ô mes n amis. » Il semble invoquer les Anges, afin qu’ils demandent grâce pour lui, ou assurément les saints pour qu’ils unissent leur prière à sa pénitence. « Car la main du Seigneur m’a touché. » Il se dit touché par la, main du Seigneur, qui veut lui faire sentir une blessure qu’il ne ressentait pas d’abord.
22. « Pourquoi me persécutez-vous comme le Seigneur ? » Vous me détestez : je suis pour vous comme pour Dieu un objet d’horreur ; ou bien, vous m’adressez vos reproches, quoique je me reconnaisse coupable. « Et n’êtes vous point rassasiés de ma chair ? » Vous ne seriez point réjouis, si je vivais selon la chair.
24. « Avec un stylet de fer, et sur le plomb. » De même que le plomb se laisse graver par le stylet de fer, ainsi le cœur de l’homme doit se laisser impressionner par mes discours. « Ou que comme un souvenir ils soient gravés sur la pierre », afin qu’ils soient connus de ceux qui annoncent la vérité sans jamais faiblir.
25. « Car je le sais, il est éternel, Celui qui doit opérer ma délivrance. » Il peut réparer ma nature.
27. « Ils sont présents à mes pensées », parce que je les ai mérités. « C’est mon œil et, non celui d’un autre qui les a vus. » C’est-à-dire « Nul ne sait ce qui se passe en l’homme, sinon l’esprit qui est en lui[2]. – Et toutes ces choses se sont accomplies en mon cœur », dans le secret de mon âme, où personne ne peut voir, dans ma conscience.
28. « Peut-être direz-vous : quelle accusation « élever contre lui ? » C’est dans ce sens qu’il est dit aux spirituels : « Réfléchissant sur toi-même, de peur d’être aussi tenté[3]. – Nous trouverons en lui le principe de ses discours. » Pour lui en montrer la témérité.
29. « Car la colère viendra sur les méchants. » Il appelle méchants, ceux qui s’élèvent au-dessus des pécheurs, et se croient incapables de devenir eux-mêmes pécheurs.

CHAPITRE XX. – Sophar sur le point d’être persuadé de l’innocence de Job retombe dans ses invectives. – Paroles de Sophar le Minéen.


2. « Vous ne comprenez pas mieux que moi. » Il se tourne vers ces autres qui avec lui cherchaient à consoler Job.
3. « J’écouterai les enseignements qui doivent me confondre. » Il veut indirectement amener Job à écouter ce qui doit le confondre : car il pourrait acquérir ainsi l’esprit de la sagesse. C’est une locution distinguée, analogue à celle-ci : Il est bon que je sois sur mes gardes, afin qu’il ne m’arrive pas de mal ; quand, nous parlons

  1. Psa. 41, 12
  2. 1Co. 2, 11
  3. Gal. 6, 1