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que soit la différence entre le péché et le délit; que ce soit celle-ci ou celle-là, ou toute autre, il est certain que s’il n’en existait aucune, l’Écriture ne tiendrait pas ce langage : « Comme on « fait pour le péché, ainsi fera-t-on pour le délit : il n’y aura qu’une loi pour les deux. »
4. Néanmoins d’ordinaire le mot péché désigne aussi le délit, et le mot délit, le péché; par exemple, quand on dit que la rémission des péchés se fait dans le baptême, cela ne veut pas dire que les délit s sont exceptés du pardon : on ne désigne pas ces deux espèces de fautes, parce qu’un seul mot les comprend toutes les deux. C’est ainsi que le Seigneur déclare que « son sang est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés[1]. » S’il ne parle pas des délits, quelqu’un osera-t-il conclure de là que le sang du Fils de Dieu n’est pas la source du pardon des délits ? De même quand l’Apôtre écrit : « Nous avons été condamnés par le jugement de Dieu pour une seule faute ; mais la grâce nous a justifiés de plusieurs délits[2] », sous cette dernière expression, ne comprend-il pas en même temps les péchés ?
5. Même dans ce livre du Lévitique, qui nous oblige à découvrir ou admettre une différence entre le délit et le péché, voici les paroles du passage qui contient les ordres de Dieu relatifs aux sacrifices pour les péchés : « Si toute l’assemblée des enfants d’Israël a été dans l’ignorance, et « qu’une parole ait échappé à ses yeux, et qu’elle « ait fait contre les commandements de Dieu « une chose qu’elle ne devait pas faire, et qu’ils « aient commis un délit, et qu’ensuite ils connaissent le péché qu’ils ont commis en cela[3]. » Ainsi, après avoir parlé de délit, le texte parle immédiatement après de péché, désignant ainsi évidemment la même faute par deux noms différents. « Si un prince pèche, est-il dit un peu plus loin, et fait, sans le vouloir, quelqu’une des choses défendues par tous les commandements du Seigneur son Dieu, et qu’il se rende coupable de délit[4]. » Nous lisons en suivant : « Si quelqu’un du peuple pèche, sans le vouloir, en faisant ce qui n’est pas permis contre un commandement du Seigneur, quel qu’il soit, et commet un délit, et qu’ensuite son péché lui soit connu[5]. » Voici encore ce qu’on lit : « Quiconque, par une parole précise, aura fait serment de mal faire, ou de bien faire selon tout ce qui aura été précisé dans le serment, s’il l’ignore, et qu’il le reconnaisse ensuite, et pèche en l’un de ces points, puis fasse contre lui l’aveu du péché dont il s’est rendu coupable ; il offrira pour son délit envers le Seigneur, pour le péché dont il s’est rendu coupable[6]. » Et un peu après : « Le Seigneur parla encore à Moïse en ces termes : Si quelqu’un ignore par oubli, et pèche sans le vouloir contre les choses saintes du Seigneur, il offrira au Seigneur pour son délit un bélier sans tache pris d’entre les brebis, au prix de l’argent des sicles du sanctuaire, en expiation de son délit; et pour le péché qu’il a commis contre les choses saintes, il restituera et il ajoutera une cinquième partie en plus, et il donnera cela au prêtre ; et le prêtre priera pour lui en offrant le bélier pour le délit, et il obtiendra son pardon[7]. » L’Écriture ajoute encore : « Quiconque aura péché, et fait une des choses contraires aux préceptes du Seigneur, et ne l’ayant pas connu, se sera rendu coupable d’un délit, et aura fait un péché; apportera au prêtre pour son délit un bélier pris d’entre les brebis à prix d’argent ; et le prêtre priera pour lui, pour l’ignorance dans laquelle il est tombé sans le savoir et elle lui sera pardonnée. « Car il s’est rendu coupable d’un délit devant le Seigneur[8]. » Et plus loin : « Le Seigneur parla encore à Moïse en ces termes : L’homme qui aura péché, et méprisant les préceptes du Seigneur, aura menti à l’égard de son prochain pour un dépôt, ou pour une convention, ou pour une chose dérobée ; ou qui aura commis quelque injustice à l’égard de son prochain ; ou qui, ayant trouvé une chose perdue, le niera, et de plus aura fait un faux serment sur une chose qu’un homme est capable de faire : coupable de ces péchés et de ces délits, il restituera l’objet qu’il a dérobé, ou le tort qu’il a fait, ou le dépôt qui lui a été confié, ou la chose perdue qu’il a trouvée, en expiation de ses faux serments ; il restituera la chose elle-même et donnera de plus une cinquième partie à celui qui en étai possesseur ; au jour où il aura été convaincu de son délit, il offrira au Seigneur un bélier sans tache pris d’entre les brebis, d’un prix, pour son délit; et le prêtre priera pour lui devant le Seigneur, et il recevra le pardon de ce en quoi il s’est rendu coupable[9]. »

  1. Mat. 26, 28
  2. Rom. 5, 18
  3. Lev. 4, 13
  4. Id. 22
  5. Id. 27-28
  6. Lev. 5, 4-6
  7. Ib. 15-16
  8. Ib. 17-19
  9. Lev. 6,1-7