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intérieur, mais quarante-quatre ; les quarante-quatre autres occupent le côté oriental. Par conséquent, lorsque cinquante coudées de rideaux sont tendues sur les dix colonnes du parvis extérieur, et quarante-quatre coudées sur les huit colonnes placées à l’intérieur du tabernacle, on trouve les intervalles des huit colonnes intérieures plus espacés que ceux des dix colonnes extérieures : car, s’ils étaient égaux, on suspendrait quarante coudées à huit colonnes aussi bien que cinquante à dix colonnes, la proportion étant la même de huit à dix que de quarante à cinquante. En effet, quarante renferme huit fois le nombre cinq, et cinquante dix fois le même nombre.
11. Suite. – Nous ne serions pas étonnés de cette différence d’intervalle entre les colonnes, les unes étant plus rapprochées dans le sens de la longueur où elles sont au nombre de vingt, et les autres plus espacées dans le sens de la largeur où il n’y en a que huit, s’il n’y avait pas quelque chose qui nous force à changer de sentiment. Après avoir dit en effet que la largeur du parvis du côté de la mer aura cinquante coudées de rideaux, dix colonnes et dix bases, que la largeur du parvis à l’Orient aura de même cinquante coudées, dix colonnes et autant de bases ; après avoir ainsi, ce semble, décrit entièrement la forme du tabernacle avec son parvis qui l’environne de toutes parts, le texte sacré parle des autres objets dont on ne peut que très-difficilement se faire une idée, et auxquels il n’est pas aisé d’assigner une place : « D’un côté, est-il dit, il y aura une hauteur de quinze coudées de rideaux, trois colonnes et leurs trois bases[1]. Le second côté aura également une hauteur de quinze coudées de rideaux, trois colonnes et trois bases[2]. Et à la porte du parvis sera un voile de vingt coudées de haut, fait d’hyacinthe, de pourpre, d’écarlate filée et de fin lin retors, ouvrage travaillé à l’aiguille : il y aura là quatre colonnes et quatre bases[3]. » Où placer tous ces objets dans l’ensemble si parfait du tabernacle ? Je ne le vois pas ; mais ce que je vois bien, c’est qu’on trouve ici également dix colonnes, trois d’une part, trois de l’autre, et quatre au milieu. Ces rideaux de cinquante coudées ne seront donc par unis ensemble, afin de laisser un passage pour l’entrée dans le parvis : les vingt coudées du milieu seront séparées des quinze coudées, et formeront une tenture à la porte du tabernacle, autrement un voile, qui sera suspendu à la fois comme un ornement et un rideau ; ce voile occupera l’espace de quatre colonnes, qui a été désigné et réservé pour la porte du parvis. Et ce voile, distinct et séparé des rideaux qui mesurent quinze coudées, Dieu veut encore qu’il en diffère par la beauté, et qu’il soit parsemé de dessins brodés de quatre couleurs. Mais si les côtés, qui mesurent quinze coudées et comptent chacun trois colonnes, sont placés sur la même ligne que la porte du parvis et lui sont adhérents, il ne restera plus d’intervalle libre entre les dix colonnes du parvis extérieur et les huit colonnes de l’intérieur du tabernacle, pour recevoir l’autel de cinq coudées, qui y occupe un espace carré ; ni devant cet autel, pour le service qui s’y rapporte ; ni enfin entre ce même autel et l’entrée du tabernacle intérieur, pour recevoir le bassin d’airain. Cette place en effet fut désignée pour le bassin, afin que les prêtres pussent s’y laver les pieds et les mains, quand ils entraient dans le tabernacle, ou quand ils s’approchaient de l’autel, pour y remplir les fonctions de leur ministère ; et si l’on n’imagine pas que ce bassin se trouvait en dehors du tabernacle et dans le parvis, comment les prêtres pouvaient-ils se laver les mains et les pieds, avant d’entrer dans le tabernacle ? Nous ne pouvons cependant mettre l’autel en dehors du parvis : car le tabernacle et l’autel doivent positivement être placés dans l’enceinte du parvis lui-même. Voici donc la dernière hypothèse à admettre : ces côtés, qui avaient chacun des rideaux de quinze coudées soutenus par trois colonnes, formaient.unintervalle d’égale grandeur entre la porte du parvis et l’entrée du tabernacle intérieur ; la porte du parvis s’ouvrait sur une largeur de vingt coudées et de quatre colonnes, auxquelles était suspendu le voile de vingt coudées semé de broderies faites à l’aiguille ; plus loin se trouvait l’entrée du tabernacle, avec un voile suspendu à cinq colonnes : tout cela n’était point disposé dans l’espace fermé de huit colonnes, mais en dehors, dans le parvis. Dans cette hypothèse, le voile de l’entrée du tabernacle formait comme une porte à doubles battants, à l’endroit où les rideaux n’étaient pas unis entre-eux par des anneaux et des cordons. Peut-être encore ce voile, suspendu à cinq colonnes à l’entrée du tabernacle, occupait-il l’intérieur du tabernacle fermé d’un rang de huit colonnes, de sorte que quand on entrait dans le tabernacle, l’intérieur en demeurait caché et voilé aux regards profanes, toutefois, que le voile

  1. Ex. 26, 14
  2. Id. 15
  3. Id. 16