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DE LA MUSIQUE.


quant à ceux qui ne les connaissent pas et sont incapables de les désigner, ils ne laissent pas de reconnaître qu’ils y trouvent un certain agrément.

28. Le M. On ne peut donc nier que les mouvements, assujétis à une juste mesure, ne rentrent dans le domaine de la musique, qui n’est que la science des belles modulations : j’entends surtout ceux qui, sans être dirigés vers un but étranger à l’art, renferment en eux-mêmes leur beauté et le plaisir qu’ils font naître. Cependant ces mouvements, comme tu l’as remarqué avec justesse, en répondant à mes questions, s’ils se prolongent trop longtemps, et durent une heure ou davantage, sont incapables de charmer nos sens, lors même qu’ils seraient soumis à la juste mesure qui en fait la beauté. Ainsi donc, puisque la musique est pour ainsi dire sortie de son mystérieux sanctuaire et a laissé des traces dans nos sensations ou dans les objets perçus par nos sensations, ne devons-nous pas nous attacher d’abord à ces vestiges, afin d’arriver plus aisément sans erreur, si nous le pouvons, à ce que j’ai nommé son mystérieux sanctuaire ? — L’É.- Cette marche est nécessaire : commençons tout de suite, je t’en supplie. — Le M. Laissons donc de côté toutes ces mesures de temps qui dépassent la portée de nos sens et, en suivant le fil du raisonnement, occupons-nous de ces mesures mieux déterminées qui nous charment dans le chant et dans la danse. Je n’imagine pas en effet que tu aies une autre méthode pour suivre les traces laissées par cet art, comme nous l’avons dit, dans nos sens et dans les objets qu’ils perçoivent. — L’É. Effectivement il n’y a pas d’autre méthode.