Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome II.djvu/567

Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRE CXCVII.

((Année 419.)

Hésychius, évêque de Salonne en Dalmatie, s’était adressé à saint Augustin pour l’interprétation de certains endroits de l’Écriture sur la fin du monde ; l’évêque d’Hippone lui envoie des explications tirées de saint Jérôme et lui dit que la seule chose certaine sur la fin des temps, c’est qu’elle n’arrivera pas avant que l’Évangile soit prêché par toute la terre.

AUGUSTIN AU BIENHEUREUX SEIGNEUR HÉSYCHIUS.

1. Je réponds enfin à votre sainteté par le retour de votre fils Cornutus, mon collègue dans le sacerdoce, qui m’a apporté la lettre que votre révérence a bien voulu m’écrire je vous rends avec respect le salut qui vous est dû, bienheureux seigneur et frère, et je me recommande beaucoup à vos prières si agréables à Dieu. Vous voulez que je vous écrive quelque chose sur certains passages des Prophètes ; il me paraît meilleur d’envoyer à votre béatitude les explications qu’en a données le saint et très-savant homme Jérôme, et que peut-être vous n’avez pas. Si vous connaissez déjà ces explications et qu’elles ne vous satisfassent point, je demande que vous preniez la peine de me dire le jugement que vous en portez, comment vous comprenez vous-même ces oracles prophétiques. Je crois, moi, qu’il faut surtout entendre du temps déjà passé les semaines de Daniel ; car je n’ose pas compter les temps qui nous séparent du second avènement du Sauveur, et je ne pense pas qu’aucun prophète ait marqué le nombre des années qui doivent s’écouler avant la fin : il faut s’attacher de préférence à cette parole du Seigneur « Personne ne peut connaître les temps que le Père a mis en sa puissance[1] ».

2. Le Seigneur a dit dans un autre endroit : « Personne ne sait ni le jour ni l’heure[2] ; » il y a des personnes qui concluent de ce passage qu’on pourrait donc calculer les temps, et que c’est seulement le jour et l’heure que nul ne peut savoir. Je me dispense de dire comment les Écritures ont coutume de prendre le jour et l’heure pour le temps ; mais il est certain que ces paroles s’appliquent à l’ignorance des temps. Interrogé là-dessus par ses disciples, le Seigneur répondit : « Personne ne peut connaître les temps que le Père a mis en sa puissance. » Jésus-Christ ne dit pas : le jour ou l’heure, il dit : « les temps ; » ce qui ne peut

  1. Act. I, 7.
  2. Matth. XXIV, 26