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Chapitre XII, Dieu procède en l’institution de l’Église comme dans la création du monde.

13. Poursuis ta confession, ô ma foi ; dis au Seigneur, ton Dieu : Saint, saint, saint ! ô mon Seigneur ! ô mon Dieu ! C’est en votre nom que nous sommes baptisés, Père, Fils et Saint-Esprit ! c’est en votre nom que nous baptisons, Père, Fils et Saint-Esprit ! Car Dieu a fait en nous, par son Christ, un nouveau ciel, une nouvelle terre : c’est-à-dire les membres spirituels et les membres charnels de son Eglise ; et notre terre, avant que la doctrine sainte ne l’eût douée de sa forme, était invisible aussi ; elle était informe et couverte des ténèbres de l’ignorance, « parce que vous avez châtié l’iniquité de l’homme ( Ps. XXXVIII, 12), dans le profond abîme de vos « jugements ( Ps. XXXV, 7) ».

Mais votre Esprit-Saint est porté sur les eaux, et votre miséricorde n’abandonne pas notre misère ; et vous dites : « Que la lumière soit ! — Faites pénitence ; le royaume des cieux est proche (Matth. III, 12) ! — Faites pénitence ; que la lumière soit ! » Et, dans le trouble de notre âme, « nous nous sommes souvenus de vous, Seigneur, aux bords du Jourdain, » auprès de la montagne élevée à votre hauteur, et qui s’est abaissée pour nous (Ps. XLI, 7). Et nos ténèbres nous ont fait horreur ; et nous nous sommes tournés vers vous ; et la lumière a été faite. « Et nous voilà, ténèbres autrefois, maintenant lumière dans le Seigneur (Ephés. 5, 8). »

Chapitre XIII, Notre renouvellement n’est jamais parfait en cette vie.

14. Et nous ne sommes encore lumière que par la foi, et non par la claire vue ( II Cor. V, 7). « Car notre salut est en espérance ; or, l’espérance qui se voit n’est plus espérance (Rom. VIII, 24). » C’est encore « un abîme qui appelle un abîme, » mais par la voix de vos cataractes (Ps. XLI, 8). Il est encore abîme, celui qui dit : « Je n’ai pu vous parler comme à des êtres spirituels, mais comme à des êtres charnels (I Cor. III, 1). » Et lui-même reconnaît qu’il n’a pas encore touché le but, et oubliant tout ce qui est derrière, il tend à ce qui est devant lui (Philip. III, 13) ; il gémit sous le fardeau de malheur, et son âme est altérée du Dieu vivant, comme le cerf soupire après l’eau des fontaines ; et il s’écrie : « Oh ! quand arriverai-je (Ps. XLI, 2, 3) ! » Et il aspire à être revêtu de sa céleste demeure (Ps. XXXV, 7), et il appelle les ténèbres de l’abîme inférieur et leur dit : « Ne vous conformez pas au siècle, mais réformez-vous dans le renouvellement de l’esprit (Rom. XII, 20). Ne soyez pas comme les enfants « sans intelligence ; mais, comme les plus petits d’entre eux, soyez sans malice, pour arriver à la perfection de l’esprit ( I Cor. XIV, 20). »

« Ô Galates insensés ! s’écrie-t-il, qui vous a donc fascinés (Gal. III, 1) ? » Mais ce n’est plus sa voix, c’est la vôtre qui retentit ; la vôtre, ô Dieu, qui du haut des cieux avez fait descendre votre Esprit (Act. II, 2) par Celui qui monté dans les cieux a ouvert les cataractes de ses grâces, afin qu’un fleuve de joie inondât votre cité sainte (Ps XLV, 5). C’est après elle que soupire ce fidèle ami de l’époux, qui possède déjà les prémices de l’esprit ; mais il gémit encore dans l’attente de l’adoption céleste, qui doit affranchir son corps ( Rom. VIII, 23) ; il soupire après la patrie. Il est membre de l’épouse du Christ, il est jaloux pour elle : il est l’ami de l’époux, et il est jaloux, non pour soi, mais pour lui ( Jean III, 19) ; et ce n’est point par sa voix, mais par celle de vos torrents, qu’il appelle à lui cet autre abîme (Ps. XLI, 8) objet de sa sainte jalousie. Il craint que le serpent, dont la ruse séduisit Eve, ne nous détourne de cette chasteté spirituelle que nous devons à notre époux, votre Fils unique (II Cor. II, 3). Oh ! quelle sera la splendeur de sa lumière, lorsque nous le verrons tel qu’il est (I Jean, III, 2) ; et qu’elles seront taries toutes ces larmes, qui sont le pain de mes jours et de mes nuits ; car on ne cesse de me dire : Où est ton Dieu (Ps. XLI, 4) ?

Chapitre XIV, L’âme est soutenue par la foi et l’espérance.

15. Et moi-même je m’écrie souvent : Où êtes-vous, mon Dieu, où êtes-vous ? Et je respire quelques instants en vous, quand mon âme répand hors d’elle-même l’effusion de son allégresse et de vos louanges (Ps. XLI, 5). Mais elle demeure triste, parce qu’elle retombe et devient abîme, ou plutôt elle sent qu’elle est abîme encore. Et, ce flambeau dont vous éclairez mes pas dans la nuit, la foi me dit : « Pourquoi es-tu triste, ô mon âme, et pourquoi me (505) troubles-tu ?