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a exercé des ravages déplorables sur cet édifice. Ce fut alors que disparurent les fameuses statues dorées des apôtres : toute une voûte s’abîma. Le feu dévora encore la miraculeuse couronne de lin, emblème de la souveraineté commerciale de Cronstadt, que l’on gardait précieusement dans la maison de ville. Il faut encore regretter la perte d’une riche bibliothèque qui devint la proie des flammes : c’était la plus belle et la plus nombreuse qui se trouvât dans toute la Hongrie. Quand Bude fut pillé par les Turcs et la bibliothèque de Mathias Corvin dispersée, on transporta sur des chariots jusqu’à Cronstadt une quantité de livres et de manuscrits. Il n’en est malheureusement rien resté.

Deux églises valaques sont encore à voir, qui toutes deux appartiennent aux grecs non unis. L’une a été bâtie dans la ville même, et est fréquentée par quatre cents familles. Sur le terrain qui l’environne se voient quelques tombeaux couverts d’inscriptions en lettres russes et grecques. L’église même n’est remarquable que par l’iconostase, cette boiserie dorée qui sépare les fidèles du prêtre, laquelle est surchargée d’étranges figures peintes sur fond d’or. Les mains des madones et des saints sont d’argent massif ; sur leur poitrine on voit des cœurs d’argent et d’or qui brillent entre les vives couleurs de la boiserie. Ce sont des ex-voto. Au fond de l’église, dont les murs sont imprégnés d’une forte odeur d’encens, on voyait étinceler à la faible