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texte qu’elles ne se trouvent pas précisément au bout des rues. Le principe d’utilité est sans doute fort respectable, mais on a grand tort de l’appliquer constamment. Il est très avantageux que les marchands aient gagné un chemin plus court et fassent plus vite leurs affaires ; mais il est fort triste, quand on entre dans une ville comme Cronstadt, de passer sous les choses blanches qu’une personne ingénieuse a eu l’idée de bâtir.

On raconte que dans le temps où s’élevait cette cité une masse de lin fut trouvée en terre, à la place même occupée aujourd’hui par la maison de ville, laquelle avait par miracle la forme d’une couronne. Selon d’autres, une véritable couronne d’or fut déterrée, qui donna son nom à la cité naissante. Quoi qu’il en soit, on voit sculptée sur ses murailles une racine couronnée : c’est le blason de Cronstadt. Cette ville fut bâtie en 1203 ; mais on ne commença à l’entourer de murs qu’en 1384, sous le roi Sigismond. Jean Hunyade continua en 1450 l’enceinte, qui n’était pas achevée, et qui ne le fut que long-temps après lui.

Cronstadt a eu à souffrir entre toutes les villes des calamités qui ont pesé sur la Transylvanie. Elle était saccagée dès 1236 par les Tatars, qui la brûlaient encore un siècle après. Pour ne parler que des principaux événements, il suffit de citer les trots attaques qu’elle soutint dans l’espace de seize années contre les troupes d’Amurat II, qui emmena tous les sénateurs de la ville ;