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sont rédigées en allemand, et demandèrent qu’on remplaçât cette dernière langue par le hongrois. Il faut se souvenir qu’il y a moins de soixante ans l’empereur Joseph s’efforça de dénationaliser la Hongrie et de substituer l’allemand à l’idiome magyar. La résistance qu’il rencontra le força de renoncer à ses plans ; mais il en est résulté que les Hongrois sont très chatouilleux chaque fois que vient en cause leur langue, c’est-à-dire le palladium de leur nationalité. Dans cette circonstance, la proposition des députés devait être favorablement accueillie par la majorité de la diète ; mais les Saxons la combattirent. Une discussion s’ouvrit et s’envenima. Les Magyars reconnurent que leurs adversaires avaient le droit de parler allemand dans leurs assemblées et leurs tribunaux, c’est-à-dire quand ils traitaient chez eux leurs propres affaires ; mais ils déclarèrent que le hongrois, étant reconnu dans le pays pour la seule langue politique, devait seul servir à la rédaction des lois de la principauté.

Les extravagants des deux partis ne manquèrent pas de se jeter à la traverse. Un député des comitats proposa sérieusement des mesures à prendre, afin que tous les Saxons ne parlassent que le magyar dans un délai de dix ans. En revanche, un Saxon jura qu’il ne prononcerait plus un seul mot hongrois de sa vie, oubliant qu’en vertu de son serment il devait abandonner à l’instant même la parole. Un autre, dans un moment pa-