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le but que les princes s’étaient proposé ne fut pas atteint complètement. Les nouveaux-venus n’enseignèrent pas à la population l’agriculture et les arts mécaniques, puisqu’ils ne vécurent pas au milieu d’elle : on était à une époque d’isolement, où personne ne portait ses regards au delà de sa ville ou de son village. Il y eut seulement dans un coin de la Transylvanie des habitants industrieux et ce fut tout. Ce résultat fut acheté cher : car, pour l’obtenir, on introduisit dans le pays un élément étranger, qui y est constamment demeuré étranger. En effet, j’adresserai aux Saxons le reproche de se considérer toujours comme Allemands. Ils ont pour l’Allemagne l’affection que les colons portent à la métropole. C’est un tort. On ne peut appartenir à deux pays à la fois. La Hongrie n’est pas une colonie de l’Allemagne : c’est un état à part, qui a son passé et son avenir à lui. Les Saxons sont aujourd’hui citoyens hongrois, et ils doivent se regarder comme tels, tout en conservant leur langue, leur religion, leurs mœurs. La Belgique subit notre influence morale ; elle se façonne à nos idées, à nos habitudes, et n’en reste pas moins belge. Je conçois que nos Mauriciens gardent un cœur français : ils détestent la domination britannique, qui s’est violemment imposée à eux. Mais les Saxons sont venus volontairement en Transylvanie ; ils y ont été comblés de faveurs ; et si leurs pères ont quitté leur pa-