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prit de justice qui anima les Transylvains, et l’on conçoit que, tout en suivant les règles de l’équité, chacun ait pu garder ses idées superstitieuses. Un Valaque subit la peine de mort en 1619 à Tövis parce qu’il était « possédé du diable », et les nobles qui assistèrent à cette exécution allèrent en donner les détails à la princesse de Transylvanie. — On se rappelle qu’autrefois les blasphémateurs étaient partout poursuivis et punis vigoureusement. En Transylvanie également ils subissaient une peine sévère. Marie-Thérèse les recommandait dans l’année 1770 à la vigilance des magistrats.

La plus inattendue de ces questions, surtout si l’on connaît la Transylvanie du 19e siècle, est sans contredit celle qui a rapport au tabac. Les Hongrois d’aujourd’hui fument dans tous les moments de la journée et dans toutes les circonstances de la vie. Il est vrai que leur tabac est excellent. À quelque heure du jour que vous arriviez dans une maison de campagne, le maître du logis vous emmène, fait apporter une nouvelle pipe, et vous devisez au beau milieu des nuages, à la manière des dieux de l’Olympe. Ordinairement les femmes se dispensent de passer à l’état de divinités : elles se retirent. Le cocher qui fait galoper ses quatre chevaux trouve moyen de tirer sa pipe, de la charger, de l’allumer, et d’envoyer des bouffées d’un azur magnifique aux honnêtes gens qu’il conduit. Le postillon de douze ans, dans les moments de halte, se livre avec gravité à