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vient que dans les actes publics on les appelait souvent bastazones, du hongrois bástya, bastion[1]. Pour les nobles, ils étaient tenus, au temps de Michel Apaffi, d’aller au devant du prince à son arrivée, et de l’escorter à son départ. Quand il eut perdu ces puissants possesseurs, le territoire de Fagaras fut soumis à un officier qui commandait le château. Aujourd’hui encore le magistrat qui l’administre ne prend pas le titre de comte, mais de capitaine suprême.

La forteresse qui lui a donné son nom fut élevée vers l’an 1299. Elle était destinée à couvrir les frontières de la Transylvanie, que les Tatars commençaient déjà d’attaquer périodiquement. On raconte que les ouvriers qui la bâtirent recevaient chaque soir une pièce de bois en forme de monnaie : la semaine finie, on leur comptait autant de pièces d’argent. Ils l’appelèrent pour ce motif Fa Garas[2], c’est-à-dire « sou de bois », et le nom lui est resté. C’était un château redoutable. Les larges fossés qui l’environnaient se remplissaient des eaux qui tombent des montagnes, et les murailles, d’une épaisseur prodigieuse, étaient encore défendues par des ouvrages extérieurs. Presque tous ceux qui le possédèrent y ont laissé des signes de leur passage : ils

  1. Benkö m. s.
  2. Les Hongrois appellent garas cette monnaie que les Allemands nomment Groschon, et traduisent en français par « gros ».