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qui se sont livrés sous ses murs[1]. L’Aluta, traversant la chaîne élevée qui sépare la Valachie de la Transylvanie, coule dans un lit fort encaissé que longe une route péniblement taillée dans le roc. On voit de loin les montagnes s’abaisser graduellement de chaque côté pour faire passage au fleuve. De l’une d’elles on aperçoit, dit-on, le Danube, qui coule à Nicopolis. Dès qu’on s’est engagé dans le défilé, on a continuellement sous les yeux de fort beaux paysages. Les montagnes, droites et hérissées d’arbres, bordent comme une éternelle muraille l’Aluta, qui serpente et tournoie sans cesse, de façon qu’on croit voir une suite de lacs. Çà et là sont semés quelques débris des forts qui barraient le défilé.

La route, qui suit toujours les sinuosités de la rivière, s’abaisse parfois jusqu’à l’eau ou monte entre les rochers et domine l’Aluta. Elle est creusée presque partout dans le flanc de la montagne, qui s’éboule quelquefois et jette sur la voie des pierres et du sable. Ailleurs le passage est si rétréci, que chaque hiver, quand la terre est glissante, une ou plusieurs voitures roulent

  1. Les Hongrois l’appellent Veres Torony, « Tour rouge ». Quelques uns prétendent que le nom primitif était Véres Torony, « Tour sanglante ». Les Valaques disent : Turnu Rossu.