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let, qui eut un tel retentissement en Europe, arrive à point pour enflammer les esprits. Dans l’assemblée du comitat de Kolos, laquelle eut toute l’importance d’une Diète, Wesselényi en appelle au sentiment national, et déclare que le temps d’agir est venu. Pour avoir le droit de prendre la parole dans chaque « congrégation », il achète des terres dans chaque comitat, et quand sa fortune ne suffit plus à ce sacrifice, des souscriptions nationales s’ouvrent qui, le rendant partout propriétaire[1], lui donnent partout le caractère exigé par la loi. La Transylvanie devient pour Wesselényi un auditoire attentif et passionné. Il parcourt en agitateur tout le pays, comme depuis O’Connell a parcouru l’Irlande. Les assemblées des comitats se réunissent à son passage ; il les échauffe par cette éloquence entraînante qui semble familière aux Hongrois. Type de l’orateur populaire, il a la parole vibrante, l’œil ardent, le geste animé ; et, avant qu’il ait prononcé un mot, par sa mâle attitude il communique à la foule ce courage qui le possède et qu’accuse l’énergie de son profil asiatique.

L’enthousiasme, qui était au comble, éclatait surtout chez les Sicules. Si Wesselényi eut dit une parole, ils s’insurgeaient et s’exposaient à tout pour lui. En apprenant ce mouvement, qui se propagea avec la rapidité

  1. Le fruit de ces souscriptions a servi depuis à fonder des écoles de villages.