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avec l’agilité d’un chamois. Il était vêtu d’un caleçon de toile flottant, et d’une courte chemise, qui laissait à nu sa petite poitrine brune. Jetant à ses pieds son chapeau de lazzarone, il s’approcha de la voiture, murmura quelques mots en langue valaque, et nous présenta un morceau d’écorce de bouleau, plié en deux, qu’il avait rempli de fraises des bois. Dans la venue de ce petit sauvage, qui, à certains égards, personnifiait la Transylvanie, je crus voir un présage heureux, et je lui jetai la monnaie de rigueur, de l’air d’un consul romain qui récompense un augure complaisant.

Ce qui frappe le voyageur en Transylvanie, ce n’est pas seulement la diversité des costumes, c’est encore la variété des paysages. Sur un sol continuellement accidenté, on trouve tour à tour des forêts de bouleaux et de sapins, de chênes et de hêtres, ou bien encore des coteaux chargés de vignes, d’interminables champs de blé ou de maïs, bordés, près de la route, de melons et de pastèques, que le laboureur mange en passant pour se désaltérer. Quant aux costumes, ils varient suivant les nations. Le plus pittoresque de tous est celui des Valaques. Habillés de toile, comme les autres habitants, ils ont pendant l’hiver un étroit pantalon de drap blanc appelé harisnya, et une veste de peau blanche ornée de fleurs rouges découpées. Ils ont les reins pris dans une large ceinture de cuir, qui leur sert de poche, et portent un chapeau à grands bords ou un bonnet de