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esclavage ; comme le grand nombre des captifs rendait la marche difficile, ils mirent les vieillards en liberté ; c’est ici qu’ils les « laissèrent aller ».

Certains noms font souvenir de cette fluctuation continuelle de nations, de ce va-et-vient d’hommes qui comblaient un moment les vides faits par la guerre et la peste, et qui disparaissaient à leur tour : — Tótfalu, village slave, et il n’y a plus là un seul Slave ; — Magyar Orbó, où ne se trouvent maintenant que des Valaques ; — Lengyelfalva, village polonais où il n’y a plus de Polonais ; — Magyar Szent-Pál, dont les habitants hongrois furent un jour brûlés dans l’église par les Tatars, et qui a été repeuplé entièrement de Valaques ; — Oroszfalu, village russe où il n’y a plus un seul Russe. — Les princes appelaient vainement dans le pays des Moraves, des Allemands, des Valaques, des Bulgares, etc. : on donnait aux nouveaux arrivants les villages devenus déserts. Rien n’y faisait : la population diminua toujours. Parmi ces nations, il y en a qui se sont effacées entièrement ; d’autres, telles que les Bulgares et les Moraves, ne sont plus représentées aujourd’hui que par quelques individus. La nécessité où les princes se trouvèrent toujours d’appeler de nouveaux habitants explique suffisamment la présence en Transylvanie de tant d’hommes de races diverses.

Il est bien remarquable que ces différentes races ne soient pas mêlées. Elles sont restées en présence sans se