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aura ses biens vendus ; celui qui n’a pas de bien à vendre ira en prison. » Dura lex ! ajoute cette fois l’honnête copiste[1].

Quand vous parcourez la Transylvanie, les noms seuls des villages vous rappellent le passé presque à chaque pas : — Törökfalva, village turc ; — Tatárlaka, demeure des Tatars ; — Hadrév, gué de l’armée. — Combien de monticules sont appelés tombeau des Tatars, tombeau des Turcs ! Questionnez l’enfant étendu au pied de ces collines et qui regarde tranquillement paître ses buffles, il vous dira : Nos pères ont tué les Tatars, nos pères ont tué les Turcs, et ils les ont enterrés ici. Il y a un village qui se nomme Eresztvény. Pour peu que vous sachiez qu’en hongrois ereszteni signifie « laisser aller », et que vous demandiez l’étymologie de ce nom, on vous répondra par la tradition suivante : Un jour les Tatars emmenaient une foule d’habitants en

  1. Ceux qui prennent part aux événements, et écrivent l’histoire du pays telle qu’elle s’est accomplie sous leurs yeux intitulent ainsi leurs Mémoires : — État déplorable de la Transylvanie, par F. Mikó. — Des événements heureux et malheureux de la Transylvanie de 1588 à 1622, par Jean Laskai. — Huit livres de chronique lamentable, par Jean Szálardi. — Lamentation sur les événements accomplis de 1658 a 1660, par Christophe Pasko. — Paul Enyedi, en racontant la fin du 16e siècle et le commencement du 17e, donne à son histoire la forme du Miserabile carmen de Roggeri.