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dans les pays où ils fondèrent leurs plus chères colonies, des traces romaines qui n’existent ni en Espagne, ni dans les Gaules, ni même en l’Italie : on retrouve un peuple, qui, dans sa langue, s’appelle Romain, qui a conserve non seulement l’idiome et la physionomie des conquérants, mais encore qui de tous les peuples de l’Europe a gardé le plus fidèlement leurs idées et leurs usages. Et pourtant la Dacie ne resta province romaine que cent soixante-dix ans.

Les Barbares avaient pressé sans relâche les frontières de cette contrée tant que dura l’occupation ; et, malgré les sanglantes victoires de Claude, ils devinrent si formidables, que les Romains l’abandonnèrent volontairement. Aurélien emmena les légions, les principaux colons et les fonctionnaires, et se consola en appelant Dacie le territoire qui séparait les deux Mœsies. Par un rapprochement singulier, Aurélien était né précisément en Hongrie (à Syrmium). Les noms des deux empereurs Trajan et Aurélien, de celui qui conquit la Dacie et de celui qui l’abandonna, se trouvent encore dans la bouche du peuple valaque. En Moldavie, Valachie et Transylvanie, bien des plaines sont appelées pratul lui Trajan, campul lui Trajan, et on entend parler encore de Lerum Doamne[1].

À partir de cette époque (274) la Dacie est en proie

  1. Aurel Dominus.