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méré les beautés et les richesses du sol, ajoute : « Faut-il donc s’étonner que dans ce grenier d’abondance, où Dieu lui-même avait dressé la table, se soient rencontrées tant de nations diverses, venues de l’Europe et de l’Asie ? »

Par un de ces contrastes qui se retrouvent souvent dans l’histoire, cette belle et riche contrée a été malheureuse entre toutes. Pendant une suite de siècles elle n’a fait que passer d’une calamité à l’autre. Ici quelques détails sont nécessaires, et le lecteur nous permettra de lui rappeler en peu de mots l’histoire de la Transylvanie.

Les anciens rois de la Dacie sont à peine connus. Leurs figures occupent peu de place dans l’histoire. On en voit paraître plusieurs, d’un siècle à l’autre, quand ils se heurtent contre quelque grand homme ou quelque puissant empire. Ceux dont les noms ont survécu sont, après Sarmis, qui fut battu par Alexandre le Grand, Dromichœtes, qui résista à Lysimaque, lieutenant d’Alexandre, lequel avait eu la Thrace en partage ; Orole, qui fut l’allié de Persée, roi de Macédoine, contre les Romains ; Berobista, qui inquiétait Jules César ; Cotyson, dont les succès et les revers occupèrent Horace[1], et enfin Décébale. Celui-ci imposa d’abord un tribut à Domitien ; mais il dut céder à la fortune de Trajan, et

  1. Liv. III, ode 6, ode 8.