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qui fait souvenir du servage, et dissiper les erreurs qui pourraient s’élever à ce seul mot.

En Hongrie, comme dans le reste de l’Europe, le servage fut le résultat immédiat de la conquête. Imposé aux nations vaincues, il fut institué au profit des soldats de l’armée victorieuse, lesquels formèrent la noblesse. Dans l’origine donc le mot noble avait le sens de « Hongrois ». Celui de serf signifiait « Slave » ou « Valaque ». Dans la suite ces expressions changèrent de sens. Il y eut des hommes de la race vaincue qui furent anoblis ; ceux, par exemple, qui firent à la guerre des actions d’éclat. Il y eut, en échange, des Hongrois qui perdirent la noblesse, c’est-à-dire la liberté : ceux qui refusaient de paraître sous les drapeaux, dans les appels aux armes, ou qui encouraient une peine infamante. Il est facile de comprendre que la noblesse doit être fort répandue dans le pays. En Transylvanie, où l’élément hongrois est peu nombreux, on compte un noble sur douze habitants. La noblesse n’appartient pas à une caste, mais indistinctement à des gens de toute condition et de toute fortune. Souvent le cocher qui vous mène ou le domestique qui vous sert est aussi bon gentilhomme que le roi.

On ne peut douter qu’au moyen âge les souverains de Hongrie n’aient étendu leur protection sur les serfs. Une foule de décrets recommandent la modération aux magnats, et accordent aux paysans des moyens de résis-