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le cercle est formé (et il peut être immense parce que les paysans, comblant les vides qui séparent les tireurs, permettent à ceux-ci de se tenir à une portée de fusil les uns des autres), des batteurs placés au milieu se mettent en mouvement en poussant de grands cris. Après qu’on a tiraillé quelque temps on marche vers le centre du cercle. À l’approche des chasseurs le gibier prend la fuite dans la direction contraire, s’arrête tout à coup, revient sur ses pas, s’arrête encore, jusqu’à ce qu’il tente, mais trop tard, une sortie désespérée. Lorsqu’on se trouve dans une plaine on voit tout le cercle se dessiner par de petits nuages de fumée ; et après les mille ruses du renard qui se rapetisse et se donne les airs les plus intéressants pour surprendre la bonhomie du chasseur, il n’y a rien de plus amusant que les cris et les trépignements des paysans, lesquels accablent d’injures le lièvre qui a eu le bonheur de franchir la ligne.

Cela s’exécute à grands renforts d’hommes, sur une grande échelle, car tout se fait ainsi en Hongrie. Un jour que je traversais une forêt de chênes, j’aperçus près de la route de gigantesques troncs à demi consumés et encore fumants. Rencontrant non loin de là quelques paysans, je leur demandai naïvement qui avait tenté de mettre le feu à la forêt. Personne, répondirent-ils ; il y a eu hier une chasse, et les seigneurs se sont chauffés.

La chasse à l’ours a lieu en automne, lorsque l’animal quitte ses montagnes et vient manger le maïs dans