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flanqué de tourelles aux quatre angles, et entouré d’un énorme fossé. Mais les ouvriers étaient rares, l’argent plus rare encore ; les châteaux ne s’élevèrent pas d’abord en grand nombre. D’ailleurs les seigneurs ne fortifiaient que leurs principales résidences. Pendant longtemps bon nombre d’entre eux demeurèrent dans de petites maisons basses, semblables, à peu de chose près, aux chaumières des paysans. J’ai pu voir encore une de ces habitations. Rien ne l’aurait distingué des constructions voisines si elle n’eût été couverte en bois au lieu de chaume, et si une couronne de comte n’eût été marquée avec un fer chaud sur les portes et les solives. Ce signe aristocratique se voyait aussi sur les bancs du dehors, et sur les chaises de bois blanc qui meublaient seules de petites chambres éclairées par des fenêtres d’un demi-mètre de haut.

C’était par nécessité qu’on se contentait de pareilles demeures. Le pays était continuellement exposé aux incursions des Turcs et des Tartares. Il fallait attendre l’ennemi derrière de bonnes murailles ou lui céder la place. Dans ce dernier cas on se dirigeait vers la ville forte la plus proche ou vers le château voisin, et on abandonnait aux flammes des Turcs la maison et tout ce qu’elle contenait. Les richesses du seigneur consistaient en chevaux, vaisselle et pierreries, que l’on emmenait avec soi. Pendant cinq siècles tout un peuple vécut entre le souvenir du pillage de la veille et la