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stance, de nombreux troupeaux de chevaux, de moutons et de bœufs, dont le berger, immobile, assis gravement sur ses talons, le regard perdu dans l’immensité des plaines, mène sans regrets la vie contemplative par excellence. Observez le paysan hongrois quand il fume devant sa porte : il rêve, et croirait perdre de sa dignité s’il parlait fréquemment ; il n’ouvre la bouche qu’à de longs intervalles, lorsqu’il a quelque chose d’indispensable à dire à son voisin.

Il semble que les Hongrois obéissent encore à cet instinct des peuples nomades qui fait prendre toute habitation en haine. Le paysan donne à sa chaumière la forme d’une tente, comme pour se conserver une illusion. Encore n’y reste-t—il qu’à regret ; on dirait que ces petits murs blancs lui pèsent. L’été venu, il tire son lit dehors, et le voilà qui couche sous le ciel jusqu’aux froids. C’est pour satisfaire à ce besoin de vivre en plein air qu’il garnit sa maison, du côté du soleil, d’une légère galerie de bois. Dans la maison seigneuriale dont le maître tient à conserver les traditions de son pays, cette galerie se change en arcades de pierre.

On sait que long-temps encore après rétablissement de la monarchie les Hongrois vivaient sous des tentes. Une famille de Nuremberg qui vint s’établir au moyen âge en Transylvanie, les comtes Haller, introduisit parmi les nobles l’usage de construire des châteaux. Ces édifices consistaient d’ordinaire en un bâtiment carré,