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coup d’habits : car pour les meubles, dit-il, et jusqu’aux princes eux-mêmes, nos seigneurs n’en ont qu’une très petite quantité, qui se réduit à quelques tapis de Turquie, dont ils tendent leurs appartements et les salles à manger, au lieu de tapisseries, leurs lits mômes étant sans housses ni rideaux ; en quoi ils imitent plutôt les Turcs qu’aucune autre nation de l’Europe ».

Un usage qui rappelle les habitudes contemplatives des Ottomans a subsisté long-temps en Transylvanie. Dans les villes, toutes les maisons étaient garnies d’auvents fort en saillie à l’ombre desquels se rangeaient les habitants, assis sur des bancs de bois fixés au mur. À certaines heures on se plaçait ainsi les uns vis-à-vis des autres, et on se regardait, la plupart du temps sans mot dire. Ces séances avaient lieu régulièrement après les ablutions qui suivaient les repas ; aussi disait-on communément qu’on y faisait « sécher sa barbe ». C’était surtout dans la capitale qu’on observait cette coutume, et les citadins ne manquaient jamais de placer le long de leurs habitations le banc de bois obligé, le « sèche-barbe », szakál szarászto, comme on l’appelait. Aujourd’hui il ne se trouve plus a Clausenbourg qu’une seule maison qui ait conservé son auvent et son banc.

C’était là, d’ailleurs, une coutume qui ne doit point étonner chez un peuple venu de l’Asie, et qui a gardé quelque chose des mœurs orientales. Quand on traverse les steppes de la Hongrie, on voit, de distance en di-