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hongrois lorsqu’il conduit ses denrées au marché voisin. Monté sur son cheval favori ou assis sur le devant d’une petite voiture basse, dont les quatre roues sont de hauteur égale, il mène, en les appelant par leurs noms, quatre chevaux qui vont comme le vent. Il attache une vannette sur le côté de la voiture, et à moitié chemin leur distribue leur pitance. Si une jument se trouve dans l’attelage, le poulain est emmené, et trotte librement, aux côtés de sa mère, une clochette au cou. Le cavalier adresse à ceux qu’il rencontre le salut d’usage en leur jetant un regard bienveillant, intelligent et digne.

C’est abusivement que j’emploie l’expression de « paysan » magyar, comme j’ai appelé villages ce que les géographies nomment des villes. Je donne ici le nom de paysans à des hommes qui vivent de la vie de laboureurs, mais qui, aux yeux de l’administration, sont désignés par le titre de gentilshommes, ce qui est fort différent. Un mot d’explication. En s’emparant du sol, les Hongrois ont asservi les anciens habitants. Aujourd’hui ceux-ci sont émancipés et libres, mais ils forment par excellence la classe des paysans, celle des nobles étant en grande partie composée de Hongrois. En effet, chaque soldat de l’armée conquérante fut noble par suite de la conquête même. Les hommes de certaines tribus se soumirent particulièrement au roi, et en reçurent des terres comme francs tenanciers. Un certain nombre de