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lieu de sa naissance est ignoré ; son extraction même est incertaine. Mais la tradition nationale a suppléé à tout, et l’histoire suivante est regardée comme authentique.

En 1392, le roi Sigismond, conduisant son armée en Valachie et campant sur les bords du Sztrigy, y rencontra la fille d’un boyard, nommée Élisabeth Morsinai, qui était d’une rare beauté, et pour laquelle il s’éprit d’amour. Le triomphe fut facile au monarque, puis il passa en Valachie, où ses armes furent victorieuses. Au retour la belle Morsinai parut devant sa tente et lui demanda ce qu’il ferait pour son enfant. Sigismond, charmé, promit de le combler d’honneurs, et, remettant à la future mère une bague d’or : « Présentez-vous à moi, dit-il, et montrez cet anneau. » Quelques mois après le départ du roi Élisabeth épousa un boyard nommé Voik Butin, qui l’emmena en Valachie, et dans le même temps elle mit au monde un fils qu’elle appela Jean. Sigismond parut une seconde fois à la tête d’une armée hongroise. Dès qu’Élisabeth l’eut appris, elle se présenta devant le roi et lui montra l’anneau. Sigismond le reconnut, caressa l’enfant, renouvela les promesses qu’il avait faites à la mère, et lui dit de venir à Bude. Son mari étant mort, elle pria son frère de l’accompagner. Celui-ci, qui ignorait le but du voyage, s’y refusa d’abord ; mais à la fin, vaincu par les prières de sa sœur, il promit de la suivre. Un jour qu’elle était occupée à laver, et que l’enfant, assis près d’elle, jouait avec