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marquent le pluriel, lui donnent parfois un caractère de rudesse, tandis que par l’abondance des voyelles il est d’ordinaire fort doux. Suivant ce qu’il veut exprimer, le Hongrois emploie à volonté un langage dur ou harmonieux.

Un fait remarquable, c’est que cette langue, qui, par sa syntaxe, se rapproche du turc, n’a pas de patois. Le paysan la parle aussi purement que le magnat, plus purement même, car il ne connaît pas, comme celui-ci, les langues de l’Occident, et il n’altère pas le caractère poétique et figuré de l’idiome national. Si un mot allemand qui répond à une idée nouvelle est introduit dans la langue, le magnat le prononcera tel qu’il est écrit à Vienne ; mais le paysan aura soin de glisser des voyelles qui adouciront l’expression étrangère. Le paysan n’a pas cessé de parler le magyar, même lorsque la noblesse, un moment entraînée par Marie-Thérèse, semblait dédaigner cet idiôme. L’habitude de parler latin ne fut jamais adoptée que par les procureurs et les gens d’église. Cependant, dans leur conversation, les nobles hongrois se servent quelquefois d’expressions latines, par exemple en se saluant. On dit Domine illustrissime à un magnat, à un ecclésiastique Domine speclabili. D’autres fois on accouple un mot latin et un mot hongrois, comme lorsqu’on tend la main à son ami : Servus barátom. Une noble dame atteinte d’une maladie cruelle prononçait au milieu de ses souffrances le nom de Dieu.