Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faite, elles oublient le travail et secouent leurs fatigues. J’ai traversé un jour la Szamos avec une troupe de paysannes valaques que j’avais trouvées dans le bac. Elles revenaient des champs et portaient sur leurs épaules de lourds instruments dont la vue seule aurait dû leur inspirer de tristes réflexions ; d’une rive à l’autre elles rirent à gorge déployée. Les hommes ont d’ordinaire plus de gravité, et il y a souvent dans leurs gestes et dans leur attitude je ne sais quoi de mélancolique qui est assez bien rendu dans la gravure que nous donnons ici.

Les chaumières des paysans valaques sont entourées de haies qu’ils savent quelquefois artistement tresser. Près de l’entrée se trouve une bûche enfoncée dans le sol et qui leur sert de marche-pied pour escalader la haie ; cela leur coûte moins de peine que d’ouvrir la porte. Aux angles de ces chaumières, dont le toit de chaume est fort élevé, ressortent les poutres rondes qui soutiennent la maçonnerie. Ces petites habitations n’ont pas de fondements, et, en plaçant sur des troncs d’arbres les solives qui leur servent de base, on les transporte, tirées par des buffles. Dans l’intérieur de la chaumière se trouve un foyer exhaussé qui occupe le quart de la chambre ; des enfants nus se chauffent à la flamme, pour aller glisser tout à l’heure sur la glace du ruisseau. Des portraits de saints sur lesquels pendent des cierges bénits ornent les murs, mêlés à des assiettes de