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dans l’abyme en courant et en labourant le sol de la branche. Arrivé au pied de la montagne, il tomba percé de balles.

Le Valaque n’est pas naturellement belliqueux : cependant, une fois enrôlé, il sert en bon soldat. S’il n’a pas la furia, l’élan du Hongrois, il a plus que lui l’opiniâtreté de la résistance. Dâ pe moarte, « donne jusqu’à la mort », est un proverbe usité parmi les Valaques. Quelque chose de la valeur romaine est resté en eux, et, en se comparant aux Saxons, dont l’ardeur pacifique ne s’exerce guère que dans le commerce, ils disent : La un Român dece Sassi, « à dix Saxons un Valaque ».

Dans l’origine, les Valaques formèrent en Transylvanie la race vaincue, c’est-à-dire la classe des serfs. Mais sous le gouvernement des princes un certain nombre d’entre eux furent anoblis pour prix du service militaire, et participèrent à tous les droits des nobles hongrois. Leurs descendants continuent pour la plupart à vivre en paysans, ou remplissent divers emplois dans les comitats. Quelquefois ils conservent le sentiment national, et, lorsque l’occasion se présente, s’efforcent de faire rejaillir leur importance sur leurs compatriotes. Pendant mon séjour en Transylvanie, un noble valaque mourut à peu de distance du lieu que j’habitais. Sa veuve lui fit des funérailles dignes d’un prince. Des tables chargées de vivres furent dressées durant une semaine entière, où tous ceux qui se présentaient