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Il y a eu à diverses époques des voleurs de grand chemin, qui, abandonnant leurs chaumières par paresse ou par vengeance, vivaient au compte des autres paysans. Il n’est pas rare de voir des Valaques entrer ainsi en lutte avec la société. Lorsque nous traversâmes les montagnes de Torotzkó, le guide nous raconta plusieurs traits cruels d’un brigand qui répandait la terreur dans les environs. On entendait dans l’éloignement des coups de feu que nous attribuâmes à des chasseurs : au retour, on nous apprit que les hussards du comitat, après avoir long-temps poursuivi le voleur à coups de carabine, s’étaient emparés de sa personne. Près de Nagy Bánya, on montre sur le versant d’une montagne un lieu que l’on appelle Pintie Szökése, « Saut de Pintie », en souvenir d’un fameux brigand qui portait ce nom. Serré de près par les hussards du comitat hongrois de Marmoros, il fuyait sur la grande route, lorsqu’il rencontra les haiduques du district de Kövár, qui venaient droit à lui. Il se trouvait sur les limites de deux comitats, c’est pourquoi il était assailli par deux troupes à la fois. L’issue semblait impossible. La route, occupée par l’ennemi, serpentait au flanc d’une montagne. Ici s’élevait une côte rapide, que Pintie n’eût pas eu le temps de gravir ; là s’ouvrait un précipice profond. Un rapide examen des lieux lui dicta sa résolution. Il mit sa carabine en bandoulière, saisit une forte branche d’arbre, la plaça entre ses jambes, et se lança