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nue, il ne manquera pas sa vengeance. « Garde-toi du tine minte ! » est un proverbe hongrois. Si, au siècle dernier, la noblesse faisait peser sur eux un joug trop dur, ils prirent une cruelle revanche dans leur révolte de 1784, où ils n’épargnèrent ni l’âge ni le sexe.

Cette révolte fut entreprise par un paysan du comitat de Zárand nommé Hora. Il s’entendit avec un de ses compagnons appelé Closca, et tous deux réunirent leurs bandes sous un chêne séculaire qui se voit encore dans la forêt voisine de Körösbánya. Ils dressèrent leur plan de campagne en généraux habiles, et marchèrent droit aux châteaux, qu’ils brûlèrent. Le gouvernement négligea d’envoyer des troupes contre les rebelles, ce qui fit dire aux Transylvains que Joseph II, en haine des nobles, avait provoqué le mouvement ; et l’insurrection gagnait du terrain quand les gentilshommes hongrois montèrent à cheval et l’étouffèrent. Les chefs de la révolte périrent de la mort des criminels. Dans les chaumières du comitat de Zárand, où les Valaques sont en grand nombre, on voit quelquefois le portrait de Hora doué au mur. Il est richement vêtu : sa figure est empourprée, et il tient un vase d’or rempli de vin. Au dessous on lit ces deux vers :

Hora be si hodineste,
Tiara plange si plateste[1].

  1. Hora bibit et quiescit,
    Patria plangit et solvit.