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ter galamment jusqu’à sa chaumière. Les Valaques sont causeurs et familiers. Lorsque deux paysans se rencontrent, ils se saluent, se prennent la main, se demandent des nouvelles de leurs familles, et commencent un dialogue qui ne tarit point. Quand on traverse à la fin du jour un village valaque, on voit tous les paysans revenir de la campagne en devisant. Ils vous saluent en vous adressant le sara buna, le « bon soir » habituel. Les femmes, qui, en les attendant, filent devant leurs portes, se lèvent poliment quand vous passez, sans quitter leur quenouille. Elles ont la coutume, comme les hommes, de baiser la main en signe de respect. Cet usage, répandu dans tout l’Orient, n’a pas le caractère qu’on pourrait lui prêter dans nos contrées. Une joyeuse compagnie, s’arrêtant un jour au pied de la Detonata, y trouva une Valaque d’une si grande beauté, que chacun exprima son admiration. Oubliant toute idée aristocratique, les dames, au lieu de se laisser baiser la main, embrassèrent fraternellement la paysanne. Les nobles cavaliers ne pouvaient mieux faire que de suivre cet exemple. Ils s’avancèrent les bras ouverts vers la belle Valaque ; mais celle-ci s’enfuit en éclatant de rire.

On nous amena un jour une jeune villageoise qui passait pour une très habile chanteuse. D’abord il n’y eut pas moyen de lui arracher un son. La petite sauvage toussait, rougissait, regardait ses bottes. On lui jeta un voile sur la tête. À demi-cachée sous les plis de