Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

femme dit, en parlant de lui, uram, « mon seigneur », et ne le tutoie jamais.

La maison du paysan magyar est blanchie à certaines époques de l’année : usage que conservent encore aujourd’hui les tribus hongroises du Caucase. Suivant la coutume orientale, le mur extérieur est complètement fermé ; il est rare qu’une petite fenêtre soit percée sur la rue. Les sièges sont de bois et toujours fort élevés. Deux enfants, trois au plus, déjà bottés et éperonnés, jouent près du foyer. Le Hongrois ne trouve pas digne de lui de remplir sa maison de marmots, comme l’Esclavon ou le Valaque. La noble jument n’a par an qu’un poulain : c’est l’ignoble truie qui met bas une multitude de petits.

À quatre ans l’enfant est placé sur un cheval. Il se cramponne de ses petites mains à la crinière de l’animal, et dès qu’il se sent bien assis, il n’hésite pas à l’exciter de la voix. Le jour où il galope sans tomber, son père lui dit gravement : Ember vagy, « Tu es un homme ». À ce mot, l’enfant croît d’une coudée. Il grandit avec l’idée qu’il est homme et Hongrois, deux titres qui l’obligent. Homme, il est appelé à l’honneur d’être cavalier et de porter les armes ; Hongrois, il se souviendra qu’il est supérieur à tous et qu’il ne doit point déroger. Le sentiment d’orgueil qui animait ses aïeux a subsisté, comme tous les résultats de la conquête. Aussi a-t-il conscience de sa valeur et de sa dignité. Pour s’en con-