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sur la route. D’abord ils ne distinguèrent pas la forme de l’objet vivant qu’ils ne voyaient que de loin ; mais peu à peu, songeant aux contes qui couraient le village, ils se mirent en tête qu’ils avaient découvert un loup. Les voilà donc à la poursuite de l’animal, et quelle n’est pas leur surprise en remarquant que le loup se lève, prend le visage d’un homme et les regarde. Il n’y avait qu’un sorcier qui put ainsi changer de forme. Aussi le pauvre botaniste, redescendu des hauteurs de la science, se vit-il fort maltraité. Par bonheur une voiture passa près de là, et il fut délivré très à propos. On m’a raconté que des paysans valaques, craignant qu’il n’existât des sorciers parmi eux, placèrent un soir dans l’église autant de pots remplis de lait qu’ils comptèrent de vaches dans le village. Ils étaient sûrs de découvrir les sorciers, car le lait de leurs vaches devait infailliblement tourner pendant la nuit. Parfois il arrive que ces actes sont mêlés de cruauté. On enterre les sorciers comme de simples mortels ; mais, s’ils s’avisent de reparaître dans le village sous la forme de quelque animal, on ouvre leur fosse et on les cloue en terre avec un pieu, afin qu’ils ne puissent plus sortir.

Les Valaques apportent dans leur religion les mêmes idées superstitieuses. Lorsque l’orage gronde, ils font sonner les cloches de l’église pour éloigner la foudre. C’est au pope à repousser les nuages chargés de grêle : s’il n’y parvient pas, on se hâte de l’accuser, à peu près