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valaques ; elles ont en effet beaucoup d’importance. La danse est le principal plaisir des paysans de Transylvanie. Tous les dimanches ils se rendent à l’auberge du village, et le pays entier saute au son des instruments bohémiens ; encore faut-il connaître l’exercice auquel il se livre. Les bons danseurs jouissent d’une grande considération et sont facilement agréés comme fiancés, car les jeunes filles, en se mariant, ne renoncent pas au plaisir ; elles comptent bien être menées à l’auberge chaque dimanche ; aussi ont-elles soin de se choisir un mari qui soit pourvu de bonnes qualités. Dans ce cas le talent pour la danse compte presque entre les vertus domestiques.

Il existe quelquefois des danseurs de profession, c’est-à-dire des paysans, qui parcourent par bandes les villages et dansent avec frénésie. Ceux-là passent pour être possédés du diable, et les habitants, les femmes surtout, leur font des aumônes considérables. Un bon danseur voué aux flammes éternelles ! n’y a-t-il pas là de quoi s’attendrir ? J’ai vu, près d’un bourg appelé Tövis, sept danseurs possédés qui exploitaient les environs de Carlsbourg. Ils disaient tout haut que Satan en personne devait emporter l’un d’eux de son vivant, ce qui redoublait l’intérêt des spectateurs. Ils dansaient vraiment fort bien et regardaient d’un air de supériorité les bonnes gens qui semblaient les plaindre. Il est naturel que cette industrie ait ses partisans. Les possédés ne