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à jour. L’ouvrier semble y avoir fouillé de côté et d’autre, selon son caprice. Une sorte d’arche s’élève qui a presque quelque chose d’élégant. Une effroyable ouverture, d’où pendent des pierres qui écraseraient vingt hommes, éclaire un souterrain au fond duquel on entendait les coups secs et répétés des mineurs, car on creuse toujours ces rochers. Des ingénieurs habiles ont constaté que la terre qui les porte est pleine d’or, et peut-être un jour la spéculation engagera-t-elle les hommes à détruire ce magnifique ouvrage.

Du mot latin civitas nous avons fait cité, les Italiens ont fait città, et les Valaques cetate. Mais comme les villes bâties par les Romains en Dacie étaient nécessairement fortifiées, puisque le pays était toujours remuant, le mot cetate signifie plutôt « forteresse » que « ville ». Les Valaques appellent les forteresses de Veres Patak cetate. La grande forteresse se nomme Cetate mare (major), et la petite forteresse Cetate mica (minor).

Cet énorme rocher, vide, si on peut dire ainsi, creusé patiemment, ligne à ligne, avec des moyens imparfaits, porte le cachet fortement empreint du génie romain, grand, ferme et inflexible. C’est là en effet l’œuvre des prisonniers. Ceux qui étaient convaincus de crimes contre l’état ou accusés de christianisme descendaient dans ces cachots éternels. Leurs femmes et leurs enfants les accompagnaient jusqu’au bord du gouffre, puis ils disparaissaient pour ne revoir jamais le jour.