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entre une autre fois à Clausenbourg chez un marchand arménien et demande du drap blanc. On lui montre une étoffe grossière. « Voilà tout ce qu’il te faut », lui dit-on. « Ce n’est pas assez beau », répondit-il. On lui en offre d’autres. « Ce n’est pas assez beau », dit-il encore, « Veux-tu par hasard du drap d’officier ? » demande en riant le marchand. « Précisément. » Il s’en fait couper une pièce, qu’il déchire dédaigneusement en deux morceaux, les roule autour de ses jambes, remet ses sandales, paie et sort. L’Arménien se repentit trop tard d’avoir blessé ce paysan, qui portait de l’or. Il le suivit des yeux et le vit entrer dans une boutique voisine, où il acheta quarante livres de sucre, autant de café, etc.

On voit à Veres Patak un prodigieux monument de la persévérance romaine. Ce n’est pas moins qu’une montagne de rochers que les Romains ont entièrement creusée pour en tirer de l’or pur. Ils ont laissé debout, au dehors, de hautes murailles de roches, de façon qu’on croit entrer dans la cour intérieure d’un château féodal. Les Valaques l’appellent « les forteresses ». Deux véritables cours sont résultées de ce travail de géants. L’une, « la grande forteresse », haute et taillée dans tous les sens, montre des trous ronds et polis sur le roc, où l’on peut suivre la trace de l’outil romain. Des quartiers de roches soutiennent des masses qui semblent prêtes à tomber. Des cavernes profondes s’ouvrent sous les pieds. L’autre, « la petite forteresse », est littéralement