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de tonnerre retentit, qui fit tressaillir les chevaux, et de larges gouttes de pluie commencèrent à tomber. Un conseil fut convoqué, et on agita la question de faire halte ou de pousser plus avant. Le guide craignait fort la foudre et conseillait de partir. Le vieux Valaque parla de son expérience et donna le même avis. Le coup de tonnerre avait simplifié la discussion. Il y eut unanimité. Il fallait fuir ou se faire detonare. Le premier parti fut trouvé le plus raisonnable, car le ciel était pris de tous les côtés, la pluie menaçait de durer long-temps et les arbres n’offraient plus d’abri. Ce n’était pas la peine après cela de braver la foudre, et nous nous décidâmes à continuer notre route. En conséquence les manteaux furent dépliés et l’on partit pour gagner Veres Patak avant que la route fût détrempée.

Nous gravissions en silence un à un les chemins qui serpentent aux flancs des montagnes. Deux jeunes filles nous rejoignirent, bravement montées sur des chevaux qu’elles conduisaient sans brides, et chassant devant elles d’autres chevaux qui s’arrêtaient à chaque pas. Elles galopaient de l’un à l’autre, levant le bras pour les faire avancer. Quand les gestes ne suffisaient pas, elles sautaient à terre, ramassaient un caillou qu’elles jetaient adroitement au dernier, et, rapides comme l’éclair, se retrouvaient dans le même instant à cheval. Elles escaladaient les rochers en courant comme devaient le faire les vaillantes femmes des Daces. Au reste,