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vivant, jetait une clarté rougeâtre sur leurs visages noirs. À la fin le musicien se leva ; ils le suivirent. Ils disparurent dans l’ombre, et on entendait seulement leurs cris sauvages. Puis ils revinrent, et, cornemuse en tête, défilèrent un à un devant le feu, dont les dernières lueurs éclairèrent cette procession infernale.

Parmi les hameaux qui avoisinent Vulkoj et dont les chaumières hérissent les flancs des montagnes, il en est un qui a été bâti par les premiers mineurs qui travaillèrent dans ce pays, les Saxons que Geyza II fit venir en Transylanie vers 1150. Geyza donna plusieurs privilèges à ces étrangers, qui apprirent aux habitants l’art oublié de trouver l’or. Leurs fils firent comme eux ; et de génération en génération ils vont tous travailler aux mines où travaillaient leurs pères, et rebâtissent leurs chaumières tombées là où leurs pères les avaient construites. Les descendants, qui à la longue sont devenus Valaques, ont joui jusqu’à ce jour des privilèges octroyés par Geyza, et dont le principal est de ne payer d’autre impôt que la capitation. Un conseiller saxon a suggéré à la chambre l’idée spirituelle de leur demander les titres sur lesquels ils fondent leurs droits. Pas un d’eux n’a vu en sa vie un parchemin. Ces pauvres gens répondirent qu’ils ne savaient pas où se trouvaient leurs chartes, mais qu’ils possédaient bel et bien leurs privilèges. Il s’en est suivi une enquête, et il est à craindre qu’on ne les force injustement à payer l’impôt. J’aime à croire