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qui, présentant de profil leurs toits uniformément élevés, donnent au village la physionomie d’un camp. Il semble qu’au premier signal ces tentes vont être pliées, et que la bande montera à cheval pour aller chercher plus avant la terre où elle campera demain. Entre les habitations, au centre du village, s’élève aujourd’hui l’église : à cette place était dressée la tente du chef. Rarement une double rangée d’acacias s’épanouit dans cette unique rue. La plupart du temps c’est en vain que vous chercherez l’ombre. Il semble, a écrit un voyageur, que les Hongrois aient apporté de l’Asie cette haine héréditaire des Orientaux pour les arbres. Le cimetière est placé à l’entrée du village. Il est ouvert, sans barrière ni enceinte. Les tombes sont surmontées de poteaux inclinés, et les morts sont couchés le visage tourné vers l’Orient.

Les villages hongrois qui subsistent aujourd’hui ne sont pas autre chose que les lieux de halte où s’arrêtèrent, au moment de la conquête, les divers détachements de l’armée envahissante. Voilà pourquoi ils sont séparés par de grandes distances, et contiennent souvent une population nombreuse. Outre que les invasions des Turcs empêchaient les habitants de se répandre dans la campagne, les paysans continuèrent, par tradition, à vivre sur le sol où leurs pères s’étaient fixés. Rien ne changea, pas même l’aspect du camp. Aussi ce peuple de laboureurs et de soldats n’a-t-il pas élevé une