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nombrable armée de Turcs et de Tatars, traversant tumultueusement les Steppes, et poussant devant elle, comme en 1526, deux cent mille captifs chargés de chaînes. Ou bien encore assistez par la pensée à l’une de ces diètes bruyantes, comme il s’en tenait sur la plaine de Rákos, qui s’étend aux abords de Pesth, et où des milliers d’hommes à cheval délibéraient sur les affaires du pays. Souvent le choc des armes, le hennissement des chevaux, l’odeur du combat, enivraient cette foule ; une fièvre de guerre la saisissait, et les discussions aboutissaient à de sanglantes batailles. Si quelque expédition était résolue, on partait sur-le-champ, et le nuage de poussière qui enveloppait l’armée délibérante ne s’était pas dissipé que déjà l’armée avait disparu.

C’est dans les Puszta qu’habitent les vrais fils des compagnons d’Arpád. Ils n’ont pas changé depuis dix siècles. Les voilà tels qu’étaient leurs pères, avec la longue moustache, et la botte armée de l’éperon. Reconnaissez-vous le paisible laboureur dans cet homme au mâle visage, à l’allure décidée ? Le Hongrois est resté soldat sur le sol qu’il a conquis. Ses chevaux paissent près de lui ; ils se reposent maintenant après les travaux de la journée, comme autrefois après la bataille. L’aspect seul du village indique l’origine de ceux qui l’habitent ; on sent que c’est un peuple nomade qui s’est fixé là : une longue et large rue, formée d’une file de maisons bâties de côté, séparées par un espace égal, et