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Le général ottoman, Mezet-Beg, recommanda aux siens de diriger tous leurs coups sur le grand chef des Hongrois. C’était le moyen le plus sûr de remporter la victoire. Le bruit se répandit parmi les chrétiens que les Turcs avaient résolu de tuer Hunyade dans le combat. L’alarme était grande, quand un gentilhomme nommé Simon Kemény, de la même taille et du même air que le gouverneur, s’offrit à se dévouer. Il prit l’habit, les armes et le cheval de Hunyade, et se plaça de manière à attirer les regards de l’ennemi. J’ai vu à Enyed la demi-cuirasse et le bonnet de mailles qu’il emprunta à Hunyade ; ils sont percés de coups. Kemény fut tué à la première charge, tandis que le gouverneur combattait avec cette valeur qui le rendait redoutable. Effrayés de l’apparition de ce nouvel ennemi, les Turcs abandonnèrent le champ de bataille, où vingt mille des leurs périrent. Mezet et son fils furent comptés parmi les morts. Hunyade envoya au roi plusieurs chariots chargés du butin repris sur les Turcs, et, après les largesses faites à son armée, il put encore élever quatre églises en souvenir de cette mémorable victoire.

Il faut remarquer que les grandes batailles se livrent aux environs de Carlsbourg. La longue vallée que forme le cours de la Maros est une route naturelle que suivent les armées envahissantes. C’est près de Carlsbourg, à Szent Imre, que Jean Hunyade anéantit l’armée d’Amurat, C’est encore près de Carlsbourg, entre