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homme, dont les yeux exprimaient à la fois la douceur et la fermeté. Il n’avait que vingt-quatre ans, et déjà il s’annonçait comme le second sauveur de la Hongrie : les Turcs et les Bohèmes pouvaient attester sa valeur. Dans ce moment, la majesté de la mort ajoutait à sa beauté naturelle. Vêtu d’une longue robe de drap d’or, il s’avança d’un pas ferme vers l’échafaud, et s’agenouilla. Le bourreau le frappa trois fois sans le tuer. Au quatrième coup, il le renversa. Ladislas se releva d’un bond, et, invoquant les lois du pays, s’écria qu’ayant reçu les trois coups sans mourir, il devait être gracié. Mais il s’embarrassa dans les plis de sa robe, et tomba. Le bourreau hésitait à le frapper une dernière fois. On lui ordonna de l’achever. Les nobles et les bourgeois qui assiégeaient la porte du château protestaient énergiquement de l’innocence de Ladislas. Si l’exécution avait eu lieu suivant les formes ordinaires, on l’eût arraché vivant des mains du bourreau ; mais tout se passa si secrètement, que le peuple apprit en même temps la condamnation et la mort du jeune Hunyade. Tous les Hongrois accompagnèrent ses restes à l’église, où ils furent déposés parmi les corps de trente-deux magnats décapités peu de temps auparavant. Dans la suite, Michel Szilágyi le fit inhumer à Fejervár.

Dès lors les Hongrois ne cachèrent plus leur aversion pour le roi, qui jugea prudent de quitter ses états. Quant au jeune Mathias, on se contenta de le garder