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On ressent au contraire une vive et profonde impression lorsqu’en sortant des bateaux du Danube, après avoir quitté la bruyante société française, anglaise ou allemande, qui animait la traversée, on se trouve tout à coup sur cette terre étrange et silencieuse, emporté par quatre chevaux tatars, qui galopent sous le fouet d’un homme sauvagement vêtu. À l’étonnement se joint l’admiration. Il y a de la majesté dans cette étendue, quelque chose qui recueille et vous fait penser. Cette plaine sans limites, où le regard n’a pas d’obstacles, est une belle image de la liberté, si chère aux Hongrois.

Dans les Puszta, le lever et le coucher du soleil sont d’un magnifique effet. Le matin la terre est inondée d’une mer de vapeur rose, qui s’illumine quand le disque de feu paraît à l’horizon : à la fin du jour, lorsque le soleil trace sa route ardente, la moitié du ciel est enflammée. On a comparé les nuits des Steppes à celles de Venise, pour la sérénité, la fraîcheur, et la clarté des étoiles. Il faut encore voir les Puszta par un temps d’orage, quand d’un horizon à l’autre le firmament est déchiré par la foudre ; le vent balaie en maître cette immense surface, et les monticules de sable qui hérissent çà et là le désert tourbillonnent, se déplacent et vont se reformer ailleurs.

Si cette solitude vous pèse, frappez du pied le sol, évoquez les souvenirs d’un âge héroïque, ils viendront en foule assaillir votre esprit. Représentez-vous une in-