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puyer sur le peuple hongrois. Instrument docile de la maison d’Autriche et du comte Ulric de Cilley, il préparait les desseins de l’une, et servait la vengeance de l’autre. Abandonné à ces influences, Ladislas devait être l’ennemi de Jean Hunyade : car le gouverneur avait abattu les comtes de Cilley, qui pouvaient nuire à sa patrie, et, en rendant au royaume son antique splendeur, il éloignait l’époque où la Hongrie deviendrait la proie de l’Autriche.

Hunyade avait reconnu, le premier de tous, l’autorité du jeune Ladislas. Il s’était empressé d’abdiquer en sa faveur le pouvoir royal qu’il avait reçu en dépôt, et qu’il aurait conservé sans peine s’il eût eu d’autre ambition que celle de servir son pays. Sa modération et sa loyauté devaient ouvrir les yeux du roi. Les conseils de la maison d’Autriche prévalurent, dans l’esprit de Ladislas, sur les inspirations de son propre cœur. Les nobles hongrois, fort attachés à Jean Hunyade, désirèrent que le jeune roi remerciât publiquement le gouverneur des services rendus à la patrie. C’était là un acte de justice auquel Ladislas dut souscrire ; mais ses conseillers saisirent cette occasion d’accuser Hunyade. Il affectait la soumission, disaient-ils, et convoitait la couronne. Chaque fois que Hunyade remportait une victoire nouvelle, on persuadait au prince que son général cherchait à s’attacher l’armée et à se populariser par la gloire. Enfin le comte Ulric de Cilley fut assez habile pour ré-