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nyade put entrer dans la ville avec les troupes qu’il amenait. Restait l’armée de terre que Mahomet conduisait en personne. Quand la brèche fut praticable, les Turcs donnèrent l’assaut. Deux fois ils s’emparèrent des ouvrages extérieurs qui protégeaient Belgrade, deux fois ils furent repoussés. Dans un suprême effort ils s’élancèrent aux murailles avec une furie telle, que le carnage dura vingt heures sans cesser un instant. À la fin, ils firent retraite. Les Hongrois sortirent hardiment de Belgrade et les poursuivirent jusqu’à leur camp. Un dernier combat s’engagea autour des tentes de Mahomet. Le sultan, blessé à la tête, fut enlevé du champ de bataille, et les Turcs épouvantés s’enfuirent abandonnant toute leur artillerie et un riche butin. L’Europe était encore sauvée.

Trente ans de glorieux travaux avaient épuisé Jean Hunyade. Une fièvre violente, dont il oubliait les atteintes pendant l’ardeur du siége, l’emporta après quelques jours de repos. Sa dernière prière fut une exhortation aux magnats à rester unis.

Nous avons rappelé en peu de mots la vie de Jean Hunyade. Nous avons montré ce vaillant preux usant sa vie à la défense de l’Europe, qui l’abandonnait. À voir un si constant dévoûment, qui eût pensé qu’au sein de sa patrie des ennemis conspiraient sa perte, que le roi lui-même ordonnait en secret sa mort ? Allemand par sa naissance et son éducation, Ladislas ne sut pas s’ap-