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Au moment de livrer bataille les Hongrois n’avaient donc sur les Ottomans aucun avantage. Ils se ruaient intrépidement sur la foule des ennemis, et il fallait que leur valeur suppléât à tout. Leur art militaire consistait à attaquer avec furie et à ne pas reculer. C’est pourquoi ils ôtaient les éperons au cavalier qui portait l’étendard, sur lequel était représenté la Vierge, patronne de Hongrie ; cela voulait dire qu’il ne pouvait fuir. Souvent la supériorité de la science moderne appartenait aux Turcs. À Mohács, les Hongrois, qui combattaient un contre dix, ne furent vaincus que parce qu’ils manquaient d’artillerie ; les Turcs avaient vingt pièces de canon. Ceci s’explique par la composition des armées hongroises. Le roi appelait à lui tous les nobles du royaume, c’est-à-dire des hussards qui n’aimaient qu’à manier le sabre. L’arme blanche, qui permet aux braves de se joindre, est si bien l’arme favorite des Hongrois, qu’au siècle dernier, dans leur révolte contre l’Autriche, ils ne se servaient qu’avec répugnance du mousquet. Ils appelaient lobontz (de lobantás, flamme) les Impériaux, qui, avec leurs armes à feu, aimaient mieux combattre de loin.

Les Hongrois ne faillirent jamais à la mission qu’ils s’étaient imposée comme défenseurs de la chrétienté. Les Turcs leur rappelaient leur communauté d’origine et les conviaient au partage de l’Europe. Ils restèrent inébranlables et usèrent leurs forces dans ces luttes hé-