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à la marée qui monte, et se briser contre la digue vivante des guerriers pesamment armés de Charles. Puis cette muraille se meut, et les lourds cavaliers francs écrasent, martellent leurs ennemis.

Les circonstances changent quand on assiste aux guerres des Hongrois et des Turcs.

Tandis que les Magyars, après des haltes successives, s’établissaient en Pannonie et se faisaient chrétiens, les Ottomans, leurs voisins en Asie, refoulés comme eux par les Mongols, faisaient route vers les provinces méridionales, embrassaient en chemin l’islamisme, et s’emparaient du Bosphore ; en sorte que ces deux peuples de même race, partis des mêmes lieux, se retrouvaient ennemis en Europe. De part et d’autre c’étaient donc les mêmes hommes qui s’attaquaient, des Orientaux, qui portaient les coups à leur manière. On se souciait peu des règles de la tactique européenne. Tous combattaient en vrais fils de l’Asie, à cheval. Il y avait là une effroyable mêlée, chacun y allant pour son compte. C’étaient cent mille duels à armes égales, car les Hongrois, qui endossaient l’armure dans les guerres d’Allemagne, reprenaient leur costume et le sabre recourbé quand ils marchaient contre les Ottomans. Ils se couvraient seulement la poitrine d’une cuirasse légère ou d’une chemise de mailles ; sur le reste du corps brillait l’habit national, qui, pour la splendeur, ne le cédait pas aux riches vêtements des Turcs.