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slavon de Vissegrad, « château élevé ». Enfin de hautes collines couvertes de ces vignes qui donnent le fameux vin de Bude annoncent rapproche de la capitale. On longe l’île Sainte-Marguerite, et l’on voit se développer les deux villes rivales entre lesquelles le Danube, que Napoléon appelait le roi des fleuves de l’Europe, roule majestueusement ses flots jaunes comme ceux du Tibre.

Bude est la ville du passé et des traditions merveilleuses. Cité romaine, résidence bien-aimée du grand Mathias, ville sainte des Turcs, qui y ont encore une mosquée et y font des pèlerinages, le vieux Bude élève ses étages de remparts, au haut desquels on a créé de délicieux jardins. On ne parcourt cette rive qu’en songeant au temps qui n’est plus. Ces places aujourd’hui désertes retentissaient au moyen âge d’un bruit d’armes et de chevaux lorsque les nobles choisissaient leur roi. Ces carrefours où s’élèvent des fontaines de marbre rouge, ce sont les pachas qui les ont ornés. Les souvenirs qui surgissent sous vos pas, dans les rues montueuses de Bude, contrastent avec les idées qu’inspire la vue de Pesth, dont le superbe quai s’étend sur la rive opposée. Là, tout atteste le mouvement et la vie. Des constructions nouvelles, qui portent un caractère de grandeur, indiquent le développement de la population : des palais, des monuments publics, s’échelonnent le long du fleuve, et pour que rien ne manque à la splen-